Cézanne – Renoir : Regards croisés du 12 juillet au 19 novembre 2024, Fondation Pierre Gianadda, Martigy
Claire Bernardi, directrice, musée national de l’Orangerie – François Gianadda, fils de Leonard, Forum de la Fondation, Vernissage du 12 juillet 2024
Regards croisés sur deux maîtres de la peinture française du dernier quart du XIXe et du début du XXe siècle : Renoir et Cézanne réunis. Quelque 60 tableaux des musées de l’Orangerie et d’Orsay à Paris. Claire Bernardi, directrice du musée de l’Orangerie, se souviennent avec émotion du soutien et de l’engagement de Léonard Gianadda pour la réussite de ce dialogue au sommet entre Cézanne et Renoir. Le président de la Fondation, juste avant sa disparition, a tenu à ce que cette exposition fasse escale au coude du Rhône. À la croisée du XIXe et du XXe siècle, Renoir et Cézanne ont creusé deux sillons de la modernité picturale : le premier en frayant le chemin de traverse de l’impressionnisme, où la ligne cède le pas à la touche, à la couleur et à la lumière ; le second en pavant une voie nouvelle aux tracés rythmiques et synthétiques.
Photographie d’Auguste Renoir et Paul Cézanne dans son atelier
Bien que distinctes, leurs trajectoires n’ont cessé de se rencontrer, par l’amitié, par l’admiration réciproque, par une communauté de sujets et de questionnements aussi, de la nature morte aux paysages, du portrait au nu, et jusque dans leur quête d’une essence des choses et des êtres. Les deux peintres avaient aussi en commun des collectionneurs et marchands visionnaires qui les ont consacrés sur le marché de l’art : Victor Chocquet, Ambroise Vollard, Albert Barnes et bien sûr Paul Guillaume ainsi que son épouse Domenica.
La première partie de l’exposition présente une introduction établie sur une comparaison chaque fois de deux tableaux de Cézanne et de Renoir. Elle relève les thèmes les plus typiques en mettant en exergue les confrontations dans leur manière de peindre les natures mortes, les paysages, les portraits et les baigneuses.
Par exemple : Les pêches, 1881, de Renoir et Vase paillé, sucrier et pommes, entre 1890 et 1894 de Cézanne. Pour Les pêches, Renoir multiplie les points de vue. Il propose une vision plongeante sur le sujet principal placé au centre dans un compotier blanc. Il met en évidence les tons chatoyants des fruits disposés en pyramide avec en contre point une pêche isolée. Les motifs de la tapisserie avec ses feuillages colorés forment un véritable paysage traité avec la touche impressionniste. Dans Vase paillé, sucrier et pommes, le vase paillé, thème récurrent des natures mortes de Cézanne, devient éponyme du titre du tableau. Il se révèle le pivot de la composition.Les fruits à la sensualité palpable, apparaissent au premier plan d’une mise en scène théâtrale. Tandis que la table semble basculer, les jeux de lumière et de couleur structurent la scène. Le sucrier et l’assiette blanche apportent de la clarté. Le tableau interpelle par l’intemporalité du sujet et la monumentalité avec laquelle Cézanne parvient à représenter de modestes objets du quotidien.
Dans la deuxième partie, une approche chronologique des deux artistes met en évidence leur évolution stylistique singulière. Le poirier d’Angleterre, 1873, où Renoir présente un paysage pleinement impressionniste dominé par les différentes tonalités de vert marque l’attrait du peintre pour une végétation foisonnante. Elle est à la fois le décor et le sujet de la toile, dominant les trois figures humaines qui mettent en valeur le côté monumental du poirier. Les reflets lumineux, que s’attache à traduire le peintre, se retrouvent dans les jeux de couleurs, marqués par des tons clairs et une touche légère presque transparente. Les personnages sont à peine ébauchés alors qu’il est un adepte des scènes de genre.
Salon du collectionneur Paul Guillaume (salon où il collectionnait des tableaux de Renoir et de Cezanne)
Dans Paysage au toit rouge, 1875-1876, Cézanne initié à la peinture en plein air par Pissarro, réalise ce tableau sur le motif. Il joue avec les effets de matière pour en représenter les différents éléments. Le ciel est balayé à la brosse, des touches longues évoquent l’étendue des champs, le feuillage exprimé par des virgules animées et les maisons en touches épaisses. L’œuvre surprend par sa composition asymétrique qui ne désigne aucun sujet précis sinon le paysage tout entier. Un arbre au premier plan ouvre sur l’horizon, alors qu’au cœur du tableau un massif dissimule l’entrée d’une maison, à peine visible.
Portrait du fils de Cézanne et de la fille de Renoir
L’ultime partie montre le passage à la postérité de Cézanne et Renoir. « Il faut traiter la nature par le cylindre, la sphère et le cône » écrit Cézanne. Son application dans la géométrisation des formes et la construction de l’espace annoncent le cubisme comme dans Dans le Parc de Château Noir, 1900. Cézanne traite des arbres, dans une composition serrée, centrée sur l’arbre, sujet favori de l’artiste à la fin de sa vie. Alors que Renoir contribue à façonner le cours de l’art moderne avec son exploration de la lumière, sa maîtrise du portrait et sa célébration des nus comme dans Femme nue couchée, 1906.
Tous les jours de 9h à 18h, + d’infos.
Léonard Gianadda sur les traces de Tintin : Dialogue d’images autour du monde du 12 juillet au 19 novembre 2024, Galerie du Foyer
Sophia Cantinotti, inauguration en présence de Nick Rodwell, Tintin imagination
En partenariat avec le Musée Hergé, la Fondation Pierre Gianadda, présente, dans la Galerie du Foyer, des vignettes des Aventures de Tintin et des photographies de Léonard Gianadda. Plus de quatre-vingt images, mises en parallèle dans sept chapitres (États-Unis, Europe, Égypte-Tunisie, Pays des Soviets, Méditerranée, Amérique du Sud, Afrique), font étroitement dialoguer le regard du photoreporter avec des situations dessinées par Hergé.
Tintin chez les Soviets – Leonard Gianadda, reporteur à Moscou – dans le désert de Libye
Lorsque Léonard effectue ses reportages qui le mènent aux quatre coins du monde entre 1953 et 1961, les Aventures de Tintin sont encore très présentes dans sa mémoire, quand elles ne se déroulent pas en parallèle. Le jeune Martignerain marche sur les traces de Tintin en faisant preuve d’une même curiosité, de liberté, et avec cette joie identique de découvrir le monde au fil des opportunités de voyage qui se présentent, heureux de repousser les limites de son quotidien. Il immortalise alors, avec son Rolleiflex et son Leica, des paysages, des scènes et des personnages qui ont l’air de sortir tout droit des albums d’Hergé.
Grâce à cette surprenante rencontre des deux globe-trotters, une facette inédite de Léonard est dévoilée au public dans cette exposition. Elle fait revivre avec bonheur des voyages et souvenirs oubliés, qui ne manqueront d’ailleurs pas de rappeler aux visiteurs les liens qu’ils ont eux-mêmes tissés avec Tintin.
Tous les jours de 9h à 18h, + d’infos.
Archives – expositions, événements passés
Anker et l’Enfance du 1er février au 30 juin 2024, Fondation Pierre Gianadda, Martigy
Sur les 800 toiles peintes par Anker de 1848 à 1902, plus de 500 représentent des enfants. Il s’agit de portraits individuels, d’enfants jouant, étudiant seul ou avec d’autres, en compagnie de leurs grands-parents. Anker se révèle un des premiers peintres à avoir pris conscience du comportement de l’enfant sur un plan psychologiques et à le restituer dans ses tableaux. Il applique certainement la thèse du pasteur protestant Johann Caspar Lavater (1741-1801) selon laquelle : « Le visage est la scène où l’âme s’expose – qui ne la saisit pas à ce moment précis, ne peut pas la peindre. » Anker, en quelque sorte, se rapproche des théories de Jean-Jacques Rousseau (1712-1768) ou de Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827), qui considèrent les enfants comme des êtres « innocents par nature », mais « corrompus » ensuite par une mauvaise éducation.
Vernissage jeudi 1er février 2024, 17h. Tous les jours de 10h à 18h, + d’infos.
Léonard Gianadda, fondateur et âme de la Fondation Gianadda
Nous apprenons avec tristesse la disparition de Léonard Gianadda, fondateur et âme de la Fondation Gianadda qui nous a quitté le 3 décembre 2023 à l’âge de 88 ans. A la mémoire de son frère Pierre mort dans un accident en 1976, il avait fait construire la Fondation Pierre Gianadda à Martigny comme un unique lieu pour accueillir musée archéologique, expositions temporaires et concerts. L’équipe du Flash Léman
Les Années Fauves du 7 juillet 2023 au 21 janvier 2024, Fondation Pierre Gianadda, Martigy
Vernissage vendredi 7 juillet 2023
Leonard Gianadda, fondateur et âme de la Fondation Gianadda
En collaboration avec le Musée d’Art moderne de Paris, Paris Musées, la Fondation Pierre Gianadda expose plus d’une centaine d’œuvres provenant aussi de musées français tels le Musée national d’art moderne Centre Pompidou, le Musée Paul Dini, ou celui des Beaux-Arts de Bordeaux et de collections privées. Des peintures, sculptures et céramiques toutes emblématiques des années fauves vont parer les cimaises de la Fondation de couleurs flamboyantes.
Fabrice Hergott, Directeur du Musée d’Art moderne de Paris
Jacqueline Munck, Commissaire de l’exposition
Henri Manguin : La Femme à la Grappe, Villa Demière, 1905, Huile sur toile
Le mouvement du fauvisme est animé par Henri Matisse entouré d’un groupe de peintres, parmi lesquels Henri Manguin, André Derain, Maurice de Vlaminck, Charles Camoin, Georges Rouault et Albert Marquet, jeunes artistes qui portent au paroxysme la leçon de Van Gogh en exaltant la couleur pure. Un excès qui déclenche l’ire du public et de la critique de l’art, qui s’en prend violemment à ces nouveaux peintres, dont Louis Vauxcelles qui, découvrant dans ladite salle un buste d’enfant italianisant du sculpteur Albert Marque s’exclame : « Donatello parmi les fauves » !
Le Fauvisme, reconnu comme la première avant-garde du XXe siècle, réunit une jeune génération de peintres à Paris, qui entre 1905 et 1908, peignent à Collioure, sur la côte normande, à Saint-Tropez et à l’Estaque. De jeunes peintres venus du Havre : Emile Othon Friesz, Raoul Dufy, Georges Braque, puis Kees van Dongen des Pays-Bas et Pierre Girieud s’y joigent en participant à cette grande libération des tonalités. Picasso, dont deux œuvres sont présentes aux cimaises de la Fondation Pierre Gianadda, noue des contacts étroits avec les Fauves.
Les saltimbanques de Picasso ou Van Dongen.
Une nouvelle technique picturale, la construction de l’espace par la couleur pure, les formes traitées en aplats et cernées, des contrastes colorés se substituent à la perspective. Dans les visages, on supprime le modelé. La stridence des rouges, des verts et des oranges présents dans les huiles des Fauves, exprime « les feux de l’été » et la hardiesse des compositions. Le nu, le portrait et le modèle dans l’atelier traités avec la même fougue enivrante d’un chromatisme porté à son comble.
Portraits sur tableaux et sur céramique
Parmi les thèmes chers aux artistes, les nus et les baigneuses, souvent teintés d’une sensualité plus ou moins vive.
Le Fauvisme partage avec le Cubisme une même fascintation pour les Arts premiers, africains et océaniens
L’exotisme rejoint l’universalité de la création. Plusieurs sculptures provenant de différentes régions de l’Afrique et de la Nouvelle-Guinée sont exposées et vont illustrer à merveille cette influence sur l’art européen. Derain, Vlaminck et Matisse acquièrent des sculptures, statuettes et masques du Gabon, du Congo, du Bénin, d’Océanie etc. dont ils s’inspirent. Tous s’ouvrent aux innovations techniques et pluriculturelles notamment la céramique qui rencontre un renouveau au tournant du XIXe siècle. Certains Fauves s’adonnent à la peinture sur céramique. Avec le céramiste André Metthey ils se forment à cette nouvelle expression artistique et cette collaboration donne naissance à l’École d’Asnières: des plats, des assiettes ou des vases signés Vlaminck ou Derain. Tous les jours de 9h à 18h, + d’infos.
En parallèle Sarah Bernhardt et autres artistes du 7 juillet 2023 au 21 janvier 2024, Galerie du Foyer
Nadar, photographe : portrait d’artistes
Les membres de la famille Nadar ont tiré le portrait des créateurs et vedettes de la vie parisienne des XIXe et XXe siècles. Les comédiennes, artistes lyriques, peintres et écrivains de renom posent pour la postérité dans le célèbre studio. Une habituée de la maison rayonne : Sarah Bernhardt, la « Voix d’or », qui s’est éteinte il y a tout juste 100 ans. Né à Paris le 6 avril 1820, Félix Tournachon entreprend des études de médecine à Lyon. Il revient dans la capitale en 1837, à la mort de son père, et s’oriente vers le monde littéraire. Sous le pseudonyme de Nadar, il publie des nouvelles, des critiques de spectacles, et se fait connaître par ses talents de caricaturiste. Afin de poursuivre plus aisément son panthéon de célébrités commencé au dessin, Félix Nadar ouvre un premier studio de photographie en 1854. La simplicité est de mise dans ses portraits, pour que l’attention se concentre sur la personne, son attitude, son regard. Les multiples intérêts de Félix Nadar l’éloignent cependant assez vite du studio. Il laisse à ses employés le soin de « tirer les portraits », pendant que lui, esprit inventif et épris d’aventures, se singularise par d’étonnantes réalisations : développer la photographie aérienne (1858) et celle à la lumière artificielle (1861) ; photographier les catacombes de Paris (1862) ; financer puis voler dans les airs avec le ballon Géant (1863-1867). L’atelier Nadar déménage à plusieurs reprises. En 1874, Paul y rejoint son père et, après avoir occupé le poste de directeur artistique, en reprend les rênes en 1895. Pour développer l’entreprise, il s’adapte à la mode des cartes de visite, réalisant de nombreux portraits d’artistes mis en scène dans des costumes et décors de théâtre.
Grâce à deux dons, la Fondation Pierre Gianadda dispose d’une remarquable collection qui nous plonge au cœur d’un art illustré par une référence incontournable dans l’histoire de la photographie au XIXe siècle. Tous les jours de 9h à 18h, + d’infos.
Turner, The Sun is God en collaboration avec la Tate du 3 mars au 25 juin 2023, Fondation Pierre Gianadda, Martigy
Turner rencontre rapidement le succès, surtout grâce à l’aquarelle, première technique dans laquelle il s’exprime et qui permet d’affirmer en un instant la trace d’un rayon de soleil ou d’un orage. Sa virtuosité se voit couronner en 1802 par son élection comme membre à part entière de la Royal Academy. Londres et la Tamise se révèlent des thèmes récurrents mais de ses innombrables voyages en Grande-Bretagne, en Europe et dans les Alpes il signe une oeuvre colorée, dont l’exubérance chromatique se mêle à l’alchimie de la lumière. Ce précurseur du paysage romantique et de l’impressionnisme, à la vie secrète, s’éteint en 1851 et, selon son désir, est enterré dans la crypte de la cathédrale Saint-Paul. Inauguration vendredi 3 mars, 17h. Tous les jours d 9h à 18h, + d’infos.
Reconnu comme le plus grand paysagiste de la période romantique en raison de sa maîtrise de la lumière, de la couleur et de l’atmosphère, Turner, né en 1775 à Londres, signe à l’âge de 12 ans ses premiers dessins, surtout des copies d’après d’autres artistes. Admis à l’école de la Royal Academy en 1789, il suit d’abord les cours d’après l’antique puis ceux d’après le modèle vivant jusqu’en 1793. Cette même année, il reçoit un prix de la Royal Society of Arts pour le dessin et le paysage. Il voyage en Grande-Bretagne, en France, en Suisse : ses nombreux déplacements contribuent largement à son inspiration.
Michel Darbellay : Le spectacle de la nature, photographies du 3 mars au 25 juin 2023 Galerie du Foyer
en résonance avec les tableaux de William Turner dans la Galerie du Foyer les photos de Michel Darbellay, qui au cours d’une longue carrière a beaucoup photographié la nature. En toute saison, par tous les temps. « Peintre impatient », il joue avec la lumière et capte avec son objectif des impressions, des ambiances, des phénomènes météorologiques. De la pellicule au papier, il nous offre des œuvres que d’autres nommeraient croquis, esquisses, tableaux…
Leonard Gianadda en discussion avec les visiteurs
sous-sol: automobiles de collection
Henri Cartier-Bresson et la Fondation Pierre Gianadda du 10 juin au 20 novembre 2022, Fondation Pierre Gianadda, Martigy
Organisée avec la collaboration de la Fondation Henri Cartier-Bresson, l’exposition met en valeur des œuvres majeures de l’un des plus grands photographes du XXe siècle. Les images ont été choisies parmi les nombreux clichés de voyages et les portraits d’artistes issus de la Collection Szafran de la Fondation Pierre Gianadda : pérégrinations des années 1930, regards sur la France, voyages en Inde et au Mexique, face-à-face avec Pierre Bonnard, Henri Matisse, Alberto Giacometti, et tant d’autres. Cet ensemble exceptionnel sont représentatives de l’œuvre d’un des plus grands photographes du XXe siècle, d’une part, et, d’autre part, racontent à leur manière l’amitié profonde qui a uni Henri Cartier-Bresson et Sam Szafran pendant plus de trente ans. Le célèbre photographe a rencontré le jeune peintre en 1972, lors d’une exposition dédiée à l’art contemporain à Paris. Délaissant peu à peu son Leica au profit des crayons, Henri demande à Sam d’être son professeur de dessin. S’ensuivent de fréquents échanges et rencontres entre eux et avec leurs familles. Régulièrement, Henri Cartier-Bresson offre à son « ami intense » Sam Szafran des tirages choisis avec attention. La plupart des 226 photographies ainsi données sont dédicacées et témoignent d’une affection et admiration mutuelles. Après le décès du photographe, en 2004, la famille Szafran décide d’offrir l’ensemble à Léonard et à la Fondation Pierre Gianadda, en témoignage de l’amitié qui les ont réunis. L’exposition Cartier-Bresson se poursuit dans la Galerie du Foyer de la Fondation, avec des photographies plus intimes. Sous forme de portraits, elles racontent les amitiés partagées par Henri Cartier-Bresson et Sam Szafran. Une autre facette de cette collection unique. Tous les jours de 10h à 19h. + d’infos.
Jean Dubuffet, rétrospective du 3 décembre 2021 au 6 juin 2022 à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny
Inauguration le 3 décembre 2021 par Leonard Gianadda, Sophie Duplaix commissaire de l’exposition, Centre Pompidou et Sophie Webel de la Fondation Jean Dubuffet de Paris. « Hourloupe » sur patin.
Une sélection exceptionnelle d’oeuvres majeures de Jean Dubuffet (1901-1985), grand défenseur de l’art brut. En partenariat avec le Musée national d’art moderne – Centre Pompidou – Paris.
L’exposition s’articule selon un parcours chronologique faisant alterner chefs- d’oeuvre de sa peinture et ensembles majeurs de ses travaux sur papier, dessins et gouaches. Réfractaire aux conventions, Jean Dubuffet érigea le non-savoir en principe pour créer une oeuvre singulière, rythmée par des séries successives. Les « premiers travaux » que Dubuffet à partir de 1942, témoignent de l’intérêt du peintre pour les dessins d’enfant, les graffitis et l’art brut, terme qu’il forge à partir de 1945 pour désigner les productions artistiques de personnes évoluant hors de tout contexte culturel. Toujours en quête d’inventions picturales, Dubuffet s’éloigne dans les années 1950 de la figure pour approfondir ses recherches sur la matière. Les oeuvres se présentent alors, telle la «Texturologie» Sérénité profuse, 1957, en visions rapprochées du sol, compris comme un tissu continu et vibrant. Ces « Célébrations du sol », paysages de cailloux, de terre, de sable, explorent les turbulences telluriques et se prolongent dans la série des « Matériologies », telle la majestueuse Messe de Terre, 1959-1960, simulant la substance de terrains accidentés. Les Phénomènes », ensemble majeur de lithographies réalisées entre 1958 et 1962 seront tout à la fois l’apothéose et l’aboutissement de ces recherches. L’audace formelle de Dubuffet le conduit alors à faire renaître la figure, au début des années 1960, avec une nouvelle série, « Paris Circus », illustrée par la joyeuse Rue passagère, 1961, qui exprime le grouillement bariolé de la ville retrouvée. Mais rapidement, les alvéoles colorées et tremblotantes se précisent, comme dans La Gigue irlandaise, 1961, pour inaugurer un vaste cycle, « L’Hourloupe », marquant la mise en place d’un nouveau langage, fait de cellules tantôt pleines, tantôt hachurées, au spectre coloré restreint (noir, blanc, rouge, bleu). Des oeuvres emblématiques de cette série, tels l’imposante Houle du virtuel, 1963, ou Le Train de pendules, 1965, illustrent ce langage pictural inédit. « L’Hourloupe » occupera Dubuffet pendant douze ans, de 1962 à 1974 : ce vocabulaire s’appliquera tant aux travaux en deux dimensions qu’à l’exploration du volume, comme dans cette étonnante sculpture Figure votive, 1969, et de l’architecture, jusqu’à l’élaboration d’un spectacle d’un genre nouveau, Coucou Bazar. Trois éléments parmi les praticables et personnages voués à s’animer lentement tout au long de ce spectacle, Site agité, 1973, Papa gymnastique, et Le Veilleur, 1972, donnent par leur présence singulière une idée de cette entreprise sans équivalent. Plusieurs séries majeures viennent encore jalonner le parcours de l’artiste, tels les « Psycho-sites » ou les « Mires », avec en particulier l’exceptionnel Cours des choses, 1983, à la gestuelle vigoureuse, réinventant chaque fois une lecture du monde qui remet en question la perception, jusqu’à l’ultime série des « Non-lieux », venant clore une oeuvre radicale, parmi les plus audacieuses de l’histoire de l’art du XXe siècle.
Tous les jours de 10h à 19h
Au Vieil Arsenal : Le VALAIS A LA UNE, un siècle vu par les médias continue jusqu’au 20 novembre 2021
Jardin de la Fondation: le Vieux Arsenal
À l’occasion des 100 ans de l’Association de la presse valaisanne (APVs), une grande exposition met en lumière les enjeux et les défis des médias valaisans. Le parcours dans les trois étages du Vieil Arsenal est fondé sur le travail des médias, dans une dynamique où le passé éclaire et dialogue avec le présent. L’exposition a pour ambition de montrer le travail des journalistes et des photojournalistes à travers un siècle de reportages en tous genres : ouverture du tunnel du Simplon, construction de la Grande Dixence, inondations du Rhône, droit de vote des femmes, drame de l’OTS, vigne à Farinet, catastrophes de Gondo et d’Evolène, scandale du fluor, finales du FC Sion, Gay Pride, pandémie Covid-19 et bien d’autres sujets encore. Cela est réalisé à travers la présentation d’événements, de personnes et de techniques sous la forme d’extraits de presse, de plus de 400 photographies, d’archives radiophoniques et télévisuelles, d’objets et d’entretiens filmés spécialement réalisés pour cette occasion.
Jardin de la Fondation avec sculptures
GUSTAVE CAILLEBOTTE. Impressionniste et moderne du 18 juin au 21 novembre 2021 à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny
Né en 1848 à Paris dans une famille aisée, Gustave Caillebotte est un peintre assurément, mais animé par mille passions : philatélie, horticulture, grand amateur de sport nautique mais aussi collectionneur et mécène. Emporté prématurément à l’âge de 46 ans, il laisse une œuvre novatrice avec des compositions traitées avec une audace inouïe par ses cadrages, son traitement de l’espace, ses mises en scènes et ses sujets modernes tels : Les Raboteurs de parquet qui rappelle le monde naturaliste de Zola. Cette célèbre toile emblématique du musée d’Orsay est aux cimaises de la Fondation de même que Le Pont de l’Europe témoignage de l’intérêt de Caillebotte pour l’architecture contemporaine. Son attachement à l’horticulture lui inspire une série d’œuvres avec des fleurs traitées d’un chromatisme flamboyant. Il excelle aussi dans le traitement de l’eau avec la Seine souvent baignée d’une douce lumière. Soirée portes ouvertes samedi 20 novembre, 17h à 19h, entrée libre.
La 44e saison musicale, 2021-2022
nous propose entre autres 3 manifestations grandioses dans le cadre du Festival d’été le 11, 17 et 20 juillet 2021 dans l’Amphithéatre romain, réservation uniquement en ligne
Michel Darbellay: Photographe, l’exposition se termine dimanche 13 juin 2021 à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny
L’exposition «Michel Darbellay – photographe» s’est terminée ce dimanche 13 juin 2021 après avoir accueilli quelque 20’784 visiteurs, soit une moyenne de 176 visiteurs par jour. À la suite de son père Oscar, photographe, cinéaste et éditeur de cartes postales, Michel Darbellay a poursuivi un but premier : faire découvrir le Valais dans sa diversité et, plus encore, le faire apprécier autant qu’il l’aimait.Le résultat de ces nombreuses années de travail est un fonds d’archives exceptionnel (600 000 photographies et une septantaine de films documentaires) confié à la Médiathèque Valais – Martigny en 2010 et à la Fondation Pierre Gianadda pour ce qui la concerne. À l’approche de ses 80 ans, au moment de quitter son atelier de la rue des Alpes, Michel a choisi de déposer ses appareils qui l’avaient fidèlement accompagné. Une étape à n’en pas douter difficile, mais qui permettait de sauvegarder un ensemble essentiel pour le patrimoine audiovisuel du canton. Personne ne pouvait alors imaginer que quelques années plus tard, en avril 2020, en pleine pandémie de coronavirus, Michel s’en irait rejoindre les sommets éternels, nous laissant en héritage l’œuvre de toute une vie. Le musée est ouvert tous les jours, de 10h à 18h. En savoir plus.
Après avoir célébré le quarantième anniversaire de la Fondation Pierre Gianadda et le 10 millionième visiteurs en 2018, voici les nouvelles expositions exceptionnelles:
Chefs-d’œuvre suisses – Collection Christoph Blocher du 6 décembre 2019 au 24 novembre 2020 à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny
Ce panorama des chefs-d’œuvre de la peinture suisse est une riche sélection des œuvres rassemblées par Christoph Blocher, un des plus fervents admirateurs et collectionneurs de la peinture helvétique. L’ancien conseiller fédéral possède en effet la plus grande collection privée d’art suisse, un ensemble de tableaux peints aux alentours de 1900, dont cent vingt-six sont présentés au public, pour l’occasion. Au sein de sa collection, l’artiste bernois Albert Anker au réalisme minutieux figure en bonne place, tandis que les paisibles paysages lémaniques de Ferdinand Hodler en représentent l’autre point fort. A ces noms s’ajoutent ceux d’Alexandre Calame, Giovanni Segantini, Robert Zünd, Félix Vallotton, Giovanni Giacometti, père du sculpteur et peintre Alberto, Ernest Biéler, Adolf Dietrich, Cuno Amiet, pour n’en citer que quelques-uns. L’accrochage à la Fondation Pierre Gianadda reflète la diversité des artistes qui composent le fonds de M. Blocher. Selon une pluralité thématique définie par le commissaire de l’exposition Matthias Frehner, le parcours se décline en sections distinctes qui mettent en exergue différents thèmes et genres: paysages, portraits, natures mortes…En proposant ce vaste « panorama » sur plusieurs décennies d’art figuratif suisse, cette exposition met en lumière l’habileté particulière d’artistes représentatifs, célèbres ou moins connus, observateurs attentifs de la vie quotidienne ou peintres des sublimes étendues montagneuse. L’affiche se base sur le tableau de Ferdinand Hodler: Le lac Léman vu de Chexbres, vers 1904, Collection Christoph Blocher
42 saison musicale: La Fondation Pierre Gianadda a accueilli au début de l’année 2020 des artistes exceptionnel, mais a dû annuler des concerts avec Cecilia Bartoli (Vendredi 10 avril, samedi 11 avril), Jordi Savall (vendredi 17 janvier), Charles Dutoit (vendredi 27 mars) ou encore le clarinettiste Martin Fröst (dimanche 16 février ).
Tous les jours de 10 h à 18h.
Rodin – Giacometti du 27 juin au 24 novembre 2019 à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny
Fruit d’un partenariat entre la Fondation Giacometti et le Musée Rodin, tous deux situés à Paris, et créée à partir de leurs magnifiques collections, cette exposition est la première à souligner les correspondances entre les œuvres de ces deux génies. Né à Paris en 1840 et mort en 1917, Auguste Rodin, l’un des pères de la sculpture moderne, a révolutionné cet art par sa grande liberté dans le traitement formel. En dépit de ses références à la statuaire antique et à la mythologie, il se montre insoumis face à l’académisme. Sculpteur et peintre suisse, né en 1901 et mort en 1966, Alberto Giacometti a quant à lui passé sa vie à dépouiller ses créations jusqu’à leur conférer un caractère universel. Présentée selon des axes thématiques, l’exposition souligne les similitudes entre ces deux univers magistraux. Vigoureux, le modelé de Rodin laisse voir le travail de la glaise sous le bronze, alors que celui de Giacometti acquiert sa singularité dans ses personnages étirés et filiformes, après-guerre. Chez les deux sculpteurs, la répétition d’un même motif caractérise l’approche du modèle et témoigne d’une recherche inlassable de justesse. Si l’usage sans précédent de l’accident apparaît comme une des contributions majeures de Rodin, les figures brisées conservées par Giacometti révèlent combien chaque « aléa » fait partie intégrante de son processus créatif.
Parfois délibérément déformées, les œuvres de Rodin aboutissent à une incroyable expressivité, tandis que celles de Giacometti s’étirent selon sa conception toute personnelle. Les groupes se retrouvent dans leurs deux microcosmes, révélant chez Rodin une puissance expressive manifeste, tandis que dans l’immédiat après-guerre, Giacometti nous offre une vision fugitive de figures en mouvement qui renvoie à la solitude inhérente à la condition humaine. Essentiel dans l’histoire de la sculpture moderne, le socle participe de la sublimation des œuvres. Interpellés par son rôle, les deux artistes en étudient à chaque fois les possibilités plastiques. Enfin, tous deux nourris très jeunes par l’art du passé, ils créent une silhouette universelle, « L’Homme qui marche », en 1907 pour Rodin et en 1960 pour Giacometti, métaphore de nos quêtes et aspirations spirituelles. Cette exposition vise à instaurer, de façon inédite, un dialogue entre les créations de deux sculpteurs, au-delà des époques et des styles. Elle propose ainsi aux visiteurs une expérience originale et, à travers la mise en perspective de ces deux univers croisés, les invite à considérer ces derniers d’un regard neuf et leur livre de précieuses clés à la compréhension des démarches artistiques novatrices qui les sous-tendent.
Ouverture tous les jours de 9h à 19h.
Trésors impressionnistes – La Collection Ordrupgaard du 8 février au 16 juin 2019 à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny
L’exposition s’est terminée dimanche 16 juin après avoir accueilli 80’972 visiteurs, soit une moyenne de 628 visiteurs par jour. Riche de soixante œuvres exceptionnelles, l’exposition Trésors impressionnistes propose un magnifique « voyage » parmi les chefs-d’œuvre du fameux Musée Ordrupgaard de Copenhague, qui rassemble les plus grandes figures de la peinture française du XIXe siècle: Edgar Degas, Paul Cézanne, Claude Monet, Paul Gauguin, Henri Matisse…soixante oeuvres exceptionnelles dans différents genres: peintures de paysage, portraits natures mortes. Les paysages radieux de Jean-Baptiste Camille Corot, Claude Monet, Alfred Sisley et Camille Pissaro côtoient le naturalisme de Gustave Courbet, les natures mortes d’Edouard Manet et Henri Matisse, les portraits intimistes de Pierre-Auguste Renoir, Berthe Morisot ou Eva Gozalès et l’imaginaire et sensuel de Paul Gauguin.
De magnifiques peintures de marine à admirer de Claude Monet (1840-1926) qui a grandi au Havre et dont la représentation de l’eau révèle déjà tous les ingrédients qui feront de l’impressionnisme l’un des styles précurseurs de l’art moderne: un décor aux airs d’esquisse exécuté en plein air, des gestes nerveux qui témoignent de sa patte, des effets flou, de couleurs qui s’entrecroisent sur la toile au lieu de se mélanger au préalable sur la palette..à admirer également un tableau de son maître Eugène Boudin: La Jetée à Trouveille qui l’a initié à la peinture en plein air. Camille Pissarro (1830-1903) atteint un sommet dans la restitution du doux rayonnement solaire estival dans Pruniers en fleurs à Eragny, 1894 et Coin du jardin à Eragny, deux toiles marquées par les ombres colorées si caractéristiques de l’impressionnisme, une lumière palpitante et une volonté de saisir l’instant dans sa fugacité. De Gauguin (1848-1903), Wilhelm Hansen acheta douze toiles, huit sont présentées dans l’exposition. A noter La petite rêve, une étude d’une grande poésie et délicatesse qui représente la fille de l’artiste, Aline, âgée de 4 ans. Couchée sur un lit en fer forgé, l’enfant apparaît sous un papier peint décoré de silhouettes d’oiseaux qui s’élèvent, sereins et éthéré, le motif se mue en fabuleux symbole du rêve et du monde de l’imaginaire. Cette remarquable collection fut fondée au début du XXe siècle, par un homme d’affaires Danois Wilhelm (1868-1936), passionné d’art qui constitue entre 1916 et 1918 une collection unique en Europe du Nord de grands maîtres de l’impressionnisme, du postimpressionnisme et des courants majeurs de la peinture française qui les ont précédés.
Première visite commentée nocturne de l’exposition La Collection Ordrupgaard Trésors Impressionnistes Degas, Cézanne, Monet, Renoir, Gauguin, Matisse…ce mercredi 13 février à 20h par Martha Degiacomi. En parallèle deux expositions à admirer jusqu’au 16 juin 2019:
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La collection privée Nadar, photographe du beau monde dans les espaces du foyer de la Fondation
Retrouvez figures tutélaires et jeunes mondaines que Toulouse-Lautrec fréquentait avec assiduité, mais aussi les plus grands noms de la littérature, de la musique et des beaux-arts: Baudelaire, Delacroix, Courbet, Manet, Zola, Debussy tout ce que Paris a compté de personnalités artistiques à partir du milieu du XIXe siècle et beaucoup d’autres ont posé dans son atelier a photographié. L’atelier Nadar voit aussi défiler des célébrités populaires : les acteurs et modèles, tout ce monde qui gravite autour des scènes parisiennes et de ses soirées animées. L’occasion unique de retrouver des expressions, des décors, des visages, que le peintre a connus, voire portraiturés à sa manière.
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Les coulisses de la Fondation: L’Album de Georges-André Cretton dans la galerie du Foyer
Tout le monde croit connaître la Fondation Pierre Gianadda – ses musées, son parc, son directeur – et personne n’ignore que sa vie est trépidante, avec l’organisation de deux à trois grandes expositions par année et une saison musicale riche d’une douzaine de concerts. En revanche, peu de gens savent ce qui se trame en coulisses, dans les à-côtés, les avant et les après. Grâce aux nombreuses images prises par le photographe martignerain Georges-André Cretton pendant plus d’une trentaine d’années à la Fondation, nous pouvons pénétrer dans le labyrinthe intime de l’institution, découvrir les péripéties de sa vie, ses moments d’émotions, les rencontres exceptionnelles.
Tous les jours de 10h à 18h.
A ne pas oublier les concert dans le cadre de la 41e Saison Musicale 2018/19: prochain concert mercredi 27 février, 20h Alessio Allegrini, cor et direction et l’orchestre de Chambre de Lausanne. Oeuvres de Beethoven et Haydn. Et si le temps le permet de visiter un des plus beaux parcs de sculpture d’Europe dans les jardins de la Fondation.
Toulouse-Lautrec à la Belle Epoque, oeuvres graphiques du 1er décembre 2017 au 10 juin 2018 à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny
La Fondation Pierre Gianadda expose pour la première fois en Europe, une collection privée européenne exceptionnelle qui compte en particulier plus d’une centaine d’affiches et d’estampes choisies parmi les feuilles les plus spectaculaires d’Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901). Fils de haut lignage, à l’ascendance aristocratique bordelaise ancienne, le jeune Lautrec livra en moins de quinze ans une production considérable où se distingue en particulier son art graphique : il mourut en 1901 deux mois avant son trente-septième anniversaire – ayant donc vécu moins longtemps qu’un autre météore de l’art de son temps, son aîné et camarade, Vincent Van Gogh.
Ce personnage au handicap physique lourd – sa légendaire petite taille contrefaite d’origine consanguine et les souffrances physiques et mentales qu’il en subit le marquèrent cruellement – sut toutefois développer avec tact et alacrité, un appétit de vivre glouton et un sens de l’amitié canaille hors du commun. Une preuve éclatante parmi d’autres : l’affiche de lancement de La Revue Blanche fondée par les frères Natanson où l’élégante Misia en costume de patineuse, un long manteau bleu moucheté de rouge, derrière une mantille qui voile sa capeline, les mains dans un manchon de fourrure, semble s’élancer en pleine rue vers quelques beaux esprits sortis de son salon littéraire parisien.
Travailleur hors pair, graveur, lithographe et affichiste pendant « La Belle Epoque » fin de siècle (1890-1900) à Paris, Lautrec nous fait revivre à travers ces œuvres d’art la vie nocturne montmartroise, la bohème bruyante et gaillarde, enivrée par les chansons grivoises et les chahuts polissons des cabarets réservés, Le Mirliton, Le Jardin de Paris, Au Moulin de la Galette – les beuglants, Le Chat noir – les cafés-concerts Le Moulin rouge, Le Divan japonais ou Les Folies Bergère – mais aussi les théâtres parisiens (Les Ambassadeurs où se produit Aristide Bruant, les divas du théâtre Marcelle Lender, May Belfort ou Sarah Bernhardt…) ou du cirque (La clownesse Cha-U-Kao).
Dans ses lithographies en couleurs, Lautrec traduit avec tendresse et humanité, l’intimité sans phrases qu’il partageait avec les filles de joie complices de leurs marchandes d’amour dans les maisons closes si chères à son cœur et plus encore à son corps.
Un ensemble de peintures et de feuilles originales de ses contemporains et amis, dont un chef d’œuvre redécouvert de Louis Anquetin, L’Intérieur de chez Bruant – Le Mirliton, toile de 1886 – mais aussi des œuvres de Pierre Bonnard, Théophile Alexandre Steinlen, Félix Vallotton, Jacques Villon et… Picasso (suite complète des « Saltimbanques ») nous plonge dans un Paris de la 3e République, très marqué par le verbe de Zola et l’Affaire Dreyfus, entre modernisme fin de siècle et actualité de la vie quotidienne.
En photo Leonard Gianadda et Daniel Marchesseau, Commissaire de l’exposition et auteur du catalogue de l’exposition Toulouse-Lautrec – A la Belle Epoque – French Cancans – Une collection privée, qui reproduit toutes les œuvres exposées.
En parallèle à l’exposition Toulouse-Lautrec, à admier la collection privée Nadar, photographe du beau monde dans les espaces du foyer de la Fondation: Retrouvez figures tutélaires et jeunes mondaines que Toulouse-Lautrec fréquentait avec assiduité, mais aussi les plus grands noms de la littérature, de la musique et des beaux-arts: Baudelaire, Delacroix, Courbet, Manet, Zola, Debussy tout ce que Paris a compté de personnalités artistiques à partir du milieu du XIXe siècle et beaucoup d’autres ont posé dans son atelier a photographié.
L’atelier Nadar voit aussi défiler des célébrités populaires : les acteurs et modèles, tout ce monde qui gravite autour des scènes parisiennes et de ses soirées animées. L’occasion unique de retrouver des expressions, des décors, des visages, que le peintre a connus, voire portraiturés à sa manière.
Heures d’ouverture: Tous les jours de 10 h à 18 h (de 10 h à 17 h les 24 et le 31 décembre 2017). Visites commentées les mercredis à 20 heures (tarif normal, sans supplément): 10 janvier, 7 février, 14 février, 21 février, 28 février…
Prochain concert: vendredi 8 décembre à 17h: Ensemble vocal et instrumental de Lauanne, sous la directoin de Michel Corboz, Marie Lys, soprano et Fabrice Hayoz, baryton.
Cézanne, le Chant de la terre du 16 juin au 19 novembre 2017 à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny
La Fondation Pierre Gianadda invite pour la nouvelle exposition le génie intemporel et visionnaire de Cézanne, père incontesté de la modernité – le précurseur d’un autre « Chant de la terre » qui anticipe sur le chef-d’oeuvre lyrique pour soliste et orchestre écrit par Malher en 1906, l’année même de la mort du peintre – une parabole du maître devant les forces de la nature.
La Fondation Giannada présente un ensemble exceptionnel d’une cinquantaine de paysages, d’une dizaine de natures mortes, d’une quinzaine de portraits de figures amies (Emile Zola, la pudique Hortense – Madame Cézanne – le jardinier Vallier, le collectionneur de l’art Victor Chocquet) et d’autoportraits auxquels s’ajoutent une dizaine de compositions emblématiques de Baigneuses et Baigneurs en plein air) – plus de quatre-vingts toiles provenant d’institutions parmi les plus prestigieux qui ont fait confiance à la Fondation: The Metropolitan Museum of Art, du Musée d’Etat des beaux-arts Pouchkine, du Palais princier de Monaco, de musées d’Israël et 6 tableaux du Japon – les seuls frais de transports pour cette exposition s’élèvent à de plus d’un million de francs (sans assurances)- en total l’exposition de quelque 100 œuvres représentatives de l’ensemble de la carrière du « Maître d’Aix » du début des années 1860 jusqu’à sa mort en 1906, rendue possible grâce à la notorité de la Fondation de la Fondation Giannada. L’actuelle exposition clore d’ailleurs en majesté le large cycle dédié à l’impressionnisme du dernier quart du siècle à la Fondation: Degas (1993), Manet (1996), Gauguin (1996), Van Gogh (2000), Berthe Morisot (2002), Monet (2011) et Renoir (2014).
Paul Cézanne (1839-1906), ce peintre aussi exigeant qu’engagé, aussi novateur que légendaire, s’est pendant plus de quarante ans toujours attaché, malgré ses doutes et ses questionnements, à une thématique intériorisée dont les variations et les déclinaisons ont considérablement marqué l’art moderne. En marge de celle de ses contemporains impressionnistes, son approche si personnelle du motif – archétypes picturaux dont il est habité au quotidien – répond à une exigence extrême dans la perception du plein air, sur nature selon son mot, ou toute intériorisée dans le huis clos de son atelier. La puissance de ce corpus pictural et graphique autant qu’ intellectuel et poétique s’exprime ainsi en particulier dans les domaines complémentaires du paysage et de la nature morte. Après son apprentissage du sujet au Jas de Bouffan et sa formation régulière au Louvre, Cézanne s’attache à traduire alternativement la luminosité solaire de son pays natal d’Aix et l’harmonie ombrée d’Ile de France qui précède son retour aux sources : les environs de Marseille et la mystérieuse Montagne Sainte Victoire. Cézanne interprète de même dans leur impavide fixité maintes natures-mortes familières, pommes bien sûr et fruits, soigneusement composées à l’atelier sur une table de cuisine.
En complément, l’exposition permettra également d’évoquer l’expression ténébreuse de certain autoportrait face au miroir, à l’égal d’autres effigies plus sibyllines de figures amies, Emile Zola, Victor Chocquet et sa pudique Hortense – Madame Cézanne – avec d’autres modèles proches comme son fils Paulo ou le jardinier Vallier. Cette présentation d’une centaine d’oeuvres serait incomplète sans quelques compositions emblématiques de « Baigneurs » et de « Baigneuses » en plein air, qu’il brossa jusqu’à son acmé. Cette sélection, choisie dans les collections publiques et privées du monde entier, permettra de découvrir plusieurs toiles qui n’ont jamais été exposées et d’en revoir certaines qui ne l’ont pas été depuis le début du siècle dernier.
- Prochaine visite commentée de l’exposition Cézanne » Le chant de la terre » en raison du concert mercredi 13 septembre à 20h par Martha Degiacomi. A noter Le musée est ouvert tous les jours de 9h à 19h.
Durant le mois de juillet et août le parc des sculptures restera ouvert gratuitement entre 19h et 22h par beau temps.
Il n’existe aucun musée Cézanne au monde, mais vous trouverez des oeuvres de Cézanne dans la magnifique collection permanente et l’exposition Portraits de Cézanne du 13 juin au 24 septembre 2017 au Musée d’Orsay à Paris.
En parallèle dans la galerie du Foyer, une magnifique exposition photographique: Vues d’artistes d’Henri Cartier-Bresson présente du 16 juin au 19 novembre 2017, soixante-neuf portraits photographiques d’Henri Cartier-Bresson, issus de la collection Szafran. Le 3 août 2004, au retour des obsèques d’Henri Cartier-Bresson, Sam Szafran propose à son épouse d’offrir à la Fondation Pierre Gianadda – à Léonard et Annette Gianadda, avec qui ils lient une grande amitié – les 225 photographies, pour la plupart signées et accompagnées d’une dédiace, d’un petit mot, d’une réflexion que Sam a reçues de la part de Cartier-Bresson. Les portraits de peintres, sculpteurs, écrivains sont très nombreux: Matisse, Picasso, Bonnard, Giacometti, Aragon, Calder..représentant autant de rencontres artistiques intimes qu’Henri Cartier-Bresson veut partager avec Sam, son ami « intense ».
Voici l’inauguration de l’exposition sur Paul Cézanne, 5 jour après celle sur Hodler Monet Munch qui a attiré 100’000 visiteurs et qui pouvaient admirer dès le 10 mai le tableau Impression, soleil levant (1872) de Claude Monet exposé pour la première fois en Suisse. A l’aube de son 40e anniversaire, la Fondation Pierre Gianadda (inauguré en 1978) approche le cap des dix millions de visiteurs (à peu près 700 visiteurs par jour).
Hodler Monet Munch – Peindre l’impossible du 3 février au 11 juin 2017 à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny
C’est la Fondation Pierre Gianadda, Martigny qui confronte les oeuvres des grands artistes Hodler Monet et Munch dans son exposition: Peindre l’impossible – le tableau Impression, soleil levant (1872) de Claude Monet sera exposé pour la première fois en Suisse.
Des peintres: un Français: Claude Monet né en 1840 et mort en 1926, un Suisse: Ferdinand Hodler né en 1853 et mort en 1918 – L’année prochaine, en 2018, on célèbrera les 100 ans de la mort de ce peintre bernois qui passe une grande partie de sav ie à Genève, sous la houlette du maître Barthélemy Menn et un Norvègien: Edvard Munch né en 1863 et mort en 1944 vivant dans le même monde en cours de mutation, l’Europe d’avant et d’après la Première Guerre Mondiale. Ils en éprouvent les mutations techniques, politiques et sociales qui influent sur leur mode de vie et leurs pratiques artistiques. Tous trois voyageurs, ils découvrent des lieux et des motifs auxquels, cinquante ans plus tôt, ils n auraient pas pu accéder.
Les trois artistes ne se sont jamais rencontrés, ils n appartiennent pas aux mêmes courants créatifs, il n en existe pas moins des liens entre eux: sans relâche, ils tentent de saisir les éléments immatériels (la neige, le soleil à son zén
ith, la clareté de la lune, l eau, les sommets montagneux…), marquant l art de la fin du XIXe et du début du XXe siècles par leur démarche novatrice. A l’orée du parcours, nous faisons leur connaissance, grâce à leurs autoportraits qui traduisent un tourment palpable. Dans le cadre de cette exposition, le tableau Impression, soleil levant (1872) de Claude Monet sera exposé pour la première fois en Suisse.
Cette oeuvre fondatrice de l’impressionisme, qui fait date dans l’histoire de l’art, est l’un des fleurons des collections du Musée Marmottan Paris (en photo son directeur Patrick de Carolis). L’exposition de plus de soixante chefs-doeuvre des trois artistes incontournables de l’histoire de l art a d abord été montrée cet hiver et en partenariat avec le Musée d Oslo en Norvège. Lors de l’inauguration à Martigny, Léonard Gianadda a souligné le fait que tous les collectionneurs privés ont accepté de prêter leurs tableaux de Ferdinand Hodler, dont la Fondation Alexander Schmidheini et Christoph Blocher dont une exposition de ses collections sera organisée à Martigny en 2020 pour ses 80 an.
Léonard Gianadda a également rendu hommage à Jean-Paul Barbier Mueller qui nous a quitté à Noël cette année et avec qui il liait une grande amitié, en présence de son épouse Monique. Pour les 40 ans de Barbier Mueller, le musée met en dépôt une oeuvre dans 22 musées en Suisse et en France. La Fondation Pierre Gianadda accueille Hercule enfant placé entre les marbres romains l’Apollon citharède et l’Hercule (IIe s. apr. J.-C.) découverts en 2011 à Martigny dans l’espace Gallo-romain.
Inauguration le 4 décembre 2015 à la Fondation Gianadda à Martigny de la nouvelle salle Sam Szafran
Signe de l’amitié qui lie Léonard Gianadda et Sam Szafran depuis plus de 20 ans, des rencontres mutuelles à Paris et à Martigny les a conduits, depuis plus de quinze ans, à travailler l’un pour l’autre. Ainsi la première exposition muséale du peintre parisien fut-elle organisée par la Fondation valaisanne en 1999, avant d’être accrochée à la Fondation Maeght à Saint Paul. Des précieux donations entre autres d’un ensemble de 226 photographies d Henri Cartier-Bresson à la Fondation par Sam Szafan d’un coté, la proposition de s’initier à la céramique monumentale et de concevoir deux décorations, Escalier et Philodendrons, pour les parois jumelles extérieures de ce qui est aujourd’hui le Pavillon Szafran de l’autre côté. L’Escalier a été d’ailleurs spécialement tirée à l’occasion de la présente exposition Sam Szafran – Cinquante ans de peinture.