Roubaix: La Piscine musée d’art et d’industrie

Lorsqu’en 1932 l’architecte Albert Baert construit la plus belle piscine de France avec ses ailes de bains publics, il ne se doute pas que son chef-d’oeuvre Art Déco deviendra un musée. Réhabilitée en 2001 puis agrandi en 2018 par Jean-Paul Philippon, l’un des architectes du musée d’Orsay, la piscine sociale de Jean Lebas forme un bel écrin pour la riche collection du musée du Roubaix. Respectant l’esprit du lieu, l’accueil et une salle d’expositions temporaires ont pris place dans l’ancienne usine de textile tandis que le bassin révèle les céramiques contemporaines et les sculptures décoratives. Les collections Beaux-Arts et Arts Appliqués sont présentées dans les anciennes cabines et dans les ailes autrefois occupées par les bains publiques. L’extension de 2018 accuille une salle consacrée à l’Histoire de Roubaix, un espace d’expositions temporaires et une aile dédiée à la sculpture moderne. L’ancienne entrée de la piscine, enrichie d’une galerie contemporaine, évoque l’aventure du Groupe de Roubaix. Dans le jardin intérieur est créé un jardin botanique consacré aux plantes textiles.

Horaires: mardi à jeudi, 11h à 18h, vendredi, 11h à 20h, samedi et dimanche, 13h à 18h. +d’infos.

Jardin aux plantes textiles

Joseph Bernard (1866-1931) : De pierre et de volupté du 26 juin au 5 septembre 2021

Joseph Bernard: Monument à Michel Servet

La Tendresse (1912).

Tête de l’Homme, étude de détail pour le Fardeau de la vie (vers 1897)

Portrait de Joseph Bernard A partir de 1899, Joseph Bernard s’installe à Paris impasse Frémin, future cité Falguière. Le peintre Louis Bouquet (plafond du théâtre des Champs-Elysées) peint en 1912 Joseph Bernard dans l’atelier cité Falguière. Le portrait est présenté au Salon d’automne de 1912 et l’Exposition internationale des beaux-arts de Lyon en 1914.

Figure essentielle de l’Art déco avec des réalisations, telles la Frise de la danse, Joseph Bernard (1866-1913) est resté dans les mémoires comme le rénovateur de la taille directe. La première rétrospective qui lui est consacrée, organisée en coproduction avec les Musée Paul Dini de Villefranche-sur-Saône, réunit plus de deux cent œuvres (dessins à la plume, au lavis, à l’aquarelle et sculptures de pierre, de plâtre, de bois, de bronze) et vise à faire redécouvrir la richesse de ses talents comme sculpteur mais aussi comme dessinateur, ses contributions dans le domaine du monument public comme dans celui des arts décoratifs. Joseph Bernard suit sa formation artistique de 1881 à 1886 à Lyon. Dès 1889, l’empreinte de Rodin se fait sentir avec des sculptures telle que La Tendresse (1912). A la fin des années 1890, Joseph Bernard crée un projet de monument, Le Fardeau de la vie, sans aucune demande. En 1905, il reçoit de Vienne (Isère), sa ville natale, sa première grande commande publique, le Monument à Michel Servet. Grâce à la taille directe, il représente sur un haut piédestal Michel Servet en martyr de l’intolérance. Après avoir multiplié les études dessinées, modelées et les maquettes, Joseph Bernard exécute l’ensemble du monument, piédestal et figures, dans la même pierre. Inauguré le 15 octobre 1911, le monument est toujours en place à Vienne. Michel Servet (1511-1553) est un médecin et théologien du XVIe siècle, dont l’indépendance d’esprit lui valut de périr sur le bûcher à Genève. Le théologien est devenu un symbole de la liberté de conscience persécutée par l’intolérance religieuse. Le thème de la figure féminine dansante est récurrent dans l’oeuvre de Joseph Bernard, qu’il s’agisse de créations graphiques au lavis des années 1910-1913 (Danseuse Nue) ou d’oeuvres sculptées. Il exécute plusieurs rondes-bosses en bronze, dont le Faune dansant. Sa nouvelle oeuvre en taille directe: la Frise de la Danse, relief en marbre de plus de 5 mètres de long, oeuvre à laquelle son nom reste attaché. L’Exposition des arts décoratifs de 1925 valut à la Frise de la Danse une visibilité qu’elle n’avait pas encore. La multiplication de figures allant de la droite vers la gauche, la jambe gauche levée, les bras écartés, crée une dynamique qui n’est sans évoquer la procession des Panathénées. L’aspect synthétique, compact et massif de la Grande Bacchante l’inscrit dans le primitivisme de l’époque. Elle est un équivalent sculpté des femmes polynésiennes peintes par Gauguin.

Faune dansant (1912) devant la Frise de la Danse (1925).

Grande Bacchante ou Bacchante ou Porteuse de grappe (1912-1919), taille directe

Les Robert Wehrlin (1903-1964) de la Piscine jusqu’au 5 septembre 2021

Dans les cabines de la Piscine

Jacques Wehrlin fils de l’artiste

Artiste suisse formé auprès de l’expressionniste Ernst Ludwig Kirchner, Robert Wehrlin est très présent dans les collections de La Piscine qui lui a consacré une exposition rétrospective en 2012-2013. Ce nouvel hommage s’appuie sur l’importante et troisième donation concédée par le fils de l’artiste en 2014 et qui couvre tout l’œuvre gravé de Wehrlin. Bénéficiant de l’enseignement d’André Lhote et surtout de Jacques Villon, il expose régulièrement, à compter de 1925, au Salon d’Automne, des œuvres marquées par la découverte de l’expressionnisme allemand, du fauvisme et du cubisme. Après-guerre, il se tourne vers l’abstraction et signe plusieurs illustrations ainsi que de nombreux décors monumentaux pour des édifices en Suisse. Composé de plus de 330 feuilles – gravures imprimées à domicile sur la presse de l’artiste et lithographies tirées chez Clot –, ce fonds retrace le parcours artistique de Robert Wehrlin entre figuration et abstraction et témoigne de l’inventivité de l’artiste et de sa technique de gravure virtuose. S’appuyant sur le travail de recherche exigeant d’une jeune spécialiste de l’estampe, Camille Belvèze, cet événement s’insère dans la campagne de valorisation des collections du musée poursuivie depuis de nombreuses années à travers la publication régulière de catalogues de collections et la mise en ligne de ses fonds via la base collections. L’exposition se trouve dans et autour des cabines longeant le bassin de la piscine au rez-de-chaussée. Autre exposition dans les cabines, au premier étage:

Le Bleu du Ciel d’Edouard Taufenbach et Régis – Campo Prix Swiss à 4 mains jusqu’au 5 septembre 2021

 Présentation de « Bleu du Ciel » par Edouard Taufenbach et Bastien Partout dans la halle d’entrée du musée.

Prochain projet un photomontage autour des collections de Marlene Dietrich en collaboration avec la Cinémathèque française.

Le Bleu du Ciel est le projet lauréat de la 4e édition du Prix Swiss Life à 4 mains, l’unique Prix photographie et musique en France. Il récompense tous les deux ans la création originale d’un-e photographe et d’un-e compositeur-trice. Le Bleu du Ciel s’inspire d’un souvenir d’enfance, celui des hirondelles dans le ciel et leur rassemblement sur les fils électriques avant leur migration. Exposition dans les cabines au premier étage autour du bassin de la Piscine.

Edouard Taufenbach et Bastien Pourtout, qui travaillent en duo, ont saisi le vol des hirondelles dans une série de variations photographiques où chaque carré donne l’impression de jouer avec l’oiseau, de restituer une sensation de mouvement. De ces images faites de ruptures, d’accélérations et de silences, Régis Campo a composé cinq pièces musicales dans lesquelles la voix tient un rôle majeur. D’une case à l’autre, d’une mesure à l’autre, l’oeuvre crée une sensation de vitesse et de cassures de lignes, si caractéristiques du vol des hirondelles. Images et musique se pourchassent pour faire naître un sentiment de liberté, de joie et une représentation sensible du passage du temps.

Julian Schwarz : De la Feuille à l’Aubier jusqu’au 5 septembre 2021

Exposition au musée de la Piscine

Julian Schwarz, La Piscine 28 juin 2021

Julian Schwarz est né en 1949 à Birmingham. C’est à la Slade School of Art de Londres, qu’il étudie la sculpture dans les années 70. Depuis 1990, il vit et travaille en France. Parallèlement à son œuvre en volume il entreprend un travail de gravure sur bois. La force expressionniste qui se révèle dans ses gravures gagne en austérité dans ses sculptures matricielles. Ses premières pièces sont des compositions savantes, des songes d’architectures de bois, des assemblages de formes jointes presque mathématiquement. Au début des années 2000, Julian Schwarz délaisse ce travail complexe pour repenser son engagement esthétique et sa connaissance de la matière. Il sculpte, sans machines, avec les outils traditionnels des artisans, dans l’entièreté des troncs de différentes essences, des œuvres qui pourraient être des bols, des urnes, des coupes mais qui par leur format et leur masse deviennent des réceptacles organiques, sensuels et enveloppants. L’artiste poursuit son œuvre dans la plénitude de sa pratique préférant créer « des vaisseaux plutôt que de la vaisselle ». 

Ses œuvres se trouvent dans de nombreuses collections privées et publiques : le Centre national des arts plastiques, le Musée des Arts Décoratifs à Paris, la Henry Moore Fondation, la Tate et le Victoria and Albert Museum à Londres

Dites-le avec des fleurs…expressions terre, prix de céramique de petite forme – Thème 2020 : Le Pique-fleurs jusqu’au 5 septembre 2021

Alexandre Sandier, portique (1913), manufacture de Sèvres

En écho à l’oeuvres le portique d’Alexandre Sandier 1913, manufacture de Sèvres, vous trouvez les oeuvres du Prix de céramique de petite forme au pied du bassin de la Piscine. « Récipient de nature et de formes diverses, le pique-fleurs se caractérise par des ouvertures ou des « goulots » destinés à maintenir en place les fleurs d’un bouquet. D’applique ou à poser, ce vase singulier constitue un support incontournable de l’art floral. Des bouquets les plus modestes aux compositions les plus élaborées, il recueille, rassemble, ordonne fleurs – coupées ou artificielles – feuillages et branchages. Le pique-fleurs se met au service de l’élément végétal. Il en recueille la fraîcheur évanescente. Il en souligne la beauté. Il en porte le message. Objet usuel ou œuvre d’ornement ; contenant fonctionnellement design ou symboliquement cultuel, vous prédestinerez votre pique-fleurs à des pratiques particulières. Vous déterminerez les espèces florales attendues ainsi que les circonstances d’usage de l’objet. » Amélie Vidgrain, Directrice de l’Ecole d’Art de Douai

Expressions terre, prix de céramique de petite forme, initié par l’école d’Art de Douai, répond au souhait le plus cher de La Piscine de partager, promouvoir et distinguer la création céramique contemporaine. Poursuivant son travail d’exposition et de réflexion sur l’actualité de l’art de la terre, La Piscine présente les 57 œuvres réalisées par 50 artistes, et sélectionnées par le jury final en février 2020. +d’infos.