Gruyères : Château

Château de Gruyères avec son jardin à la française, +d’infos.

Sonia Kacem : La chute du 9 mars au 9 juin 2024 au Château de Gruyères

Pour sa première exposition 2024, le Château de Gruyères invite Sonia Kacem à investir les salles de l’ancienne résidence comtale. Dans une approche à la fois minimale et baroque, Sonia Kacem explore depuis plusieurs années les confins de l’abstraction. À travers un intense travail sur la couleur, la matière, le langage des formes, l’ornement et le geste, elle élabore des compositions dont les dimensions, parfois imposantes, invitent à l’immersion et au plaisir visuel. Usant régulièrement d’éléments de récupération, l’artiste crée des œuvres en drapant la matière et joue des tensions qu’elle met en scène. Les lourdes étoffes se plissent savamment au fil des salles historiques du château. Les chairs de plastique se répandent en cascade sur la pierre, tandis que d’énigmatiques signes de bois s’entremêlent sur des murs richement ornés, attendant patiemment d’être déchiffrés. Vernissage vendredi 8 mars, 18h30, + d’infos.

Au fil des salles, venez découvrir ses thèmes de prédilection : la matière et son amoncellement, la définition de volumes par la ligne, le drapé ou encore le signe-ornement. Dans ce travail intense, la répétition du geste catalyse la création en plongeant l’artiste dans un rapport corporel à la matière. Jouant des formes et des couleurs, ses compositions abstraites, aux dimensions parfois imposantes, invitent immédiatement à l’immersion et au plaisir visuel. De l’impressionnante installation Amsterdam qui ouvre l’exposition, à l’étonnante œuvre L’écume, qui conclut le parcours dans la Salle des Chevaliers, La chute est l’occasion pour la plasticienne de renouer avec plus d’une décennie de création. 

Salle des Chevaliers au Château de Gruyères, 8 mars 2024

Diplômée en 2011 d’un master en arts visuels à la Haute École d’Arts et de Design de Genève (HEAD), Sonia Kacem (1985*) explore depuis plusieurs années les confins de l’abstraction. À travers un intense travail sur la couleur, la matière, le langage des formes, l’ornement et le geste, elle élabore des compositions, aux dimensions parfois imposantes, qui invitent au plaisir visuel.

Sonia Kacem, plasticienne genevoise

S’inscrivant dans la tradition de l’art minima, Sonia Kacem explore l’impact des forces de la gravité sur la matière et les tensions qui peuvent l’animer. Recourant à des matériaux souples, elle réalise ses œuvres avec des gestes simples, parfois répétitifs, sans passer par la taille ou le modelage. Son exposition au Château de Gruyères fait la part belle au drapé, peut-être un des sujets les plus travaillés dans l’art depuis l’Antiquité. Suggérant le vêtement et, in extenso, le corps qu’il abrite, l’arrangement des tissus qui se plissent et se froissent constitue l’une des premières formes d’abstraction. Ainsi de lourdes étoffes habillent savamment les salles tout au long du parcours de visite.

bâche de vinyle

toiles de store

Promesses de l’an nouveau – Origines et rites de la Saint-Sylvestre du 25 novembre 2023 au 14 janvier 2024 au Château de Gruyères

Les œuvres s’inspirent entre autres de l’opulence du drapé baroque. Usant des tensions et des contrastes, elle joue d’effets théâtraux et mise sur le plaisir des formes. Exploitant divers matériaux – souvent de récupération – telles des bâches de vinyle, des structures en bois ou des chutes de toiles de store, l’artiste se plaît à donner un volume aux éléments plats, mettant en mouvement les matériaux qu’elle sculpte par un subtil jeu de plis.

de lourdes étoffes jouant des formes et des couleurs

trois œuvres en bronze, intitulées Piega («pli» en italien), fabriquées par la technique de la cire perdue

Sonia Kacem explore non seulement le textile, mais également d’autres procédés techniques. Elle invoque aussi l’art du drapé et de sa fabrique à travers trois œuvres en bronze, intitulées Piega («pli» en italien), dans lesquelles elle expérimente la technique de la cire perdue sur laquelle elle imprime en surface une répétition de motifs au moyen du pinceau.

Dans le Salon Corot, la plasticienne interagit avec le décor créé à la fin du XXe siècle par les artistes de la colonie de la famille Bovy-Balland. Recouvrant la fenêtre d’une pièce de tissu qui se déploie en cascade avec faste et délicatesse, elle complète le travail pictural collectif réalisé sur les boiseries par Jean-Baptiste Camille Corot et Barthélemy Menn. Les plis de l’œuvre rappelant ceux de l’arrière d’une élégante robe répondent ici aux jeunes filles qui dansent entre les médaillons peints par les artistes du XIXe siècle.

série de lithographies

40 signes, réalisée avec des chutes de bois couvertes de vernis

Dans une série de lithographies réalisées pour l’exposition au Château de Gruyères, l’artiste s’inspire de détails qu’elle a découverts dans la résidence comtale, notamment dans les graffitis historiques encore visibles dans certaines salles de la forteresse. De ces marques énigmatiques, elle extrait des formes et restitue à l’envi le geste séculaire puisé dans des courbes et des lignes anciennes qu’elle réinterprète dans un jaillissement coloré.

Cette même accumulation des motifs se retrouve encore dans 40 signes, installation constituée de plusieurs éléments qui se répètent et se dédoublent parfois pour générer de nouveaux « symboles ». Réalisée initialement avec des chutes de bois retravaillées et couvertes d’un vernis translucide et coloré qui rend précieux le rebus, l’œuvre se déploie comme un décor oscillant entre l’ornemental et le textuel. À travers l’agencement des formes, Sonia Kacem crée une mystérieuse composition où le motif tend vers l’idéogramme. Conçu pour être disposé de différentes manières, ce travail visuel tant sculptural que pictural crée à chaque accrochage un nouveau panorama de signes/traces dont le code reste à déchiffrer.

Ouvert tous les jours, de 10h à 17h novembre à mars, 9h à 18h, avril à octobre, + d’infos.

Archives – expositions passées

Au soir du 31 décembre, une aiguille trotte sur le cadran et fait soudainement basculer le monde dans une nouvelle année. Les secondes sont décomptées, les souhaits formulés et le champagne sabré. Mais quelles sont les origines de ces réjouissances et les rites qui les accompagnent ? Promesses de l’an nouveau présente la façon dont l’homme a apprivoisé le temps ainsi que le rôle d’un certain Sylvestre dans la révolution des calendriers. La fête de cet illustre saint est souvent teintée d’espoirs et de superstitions, révélés au fil de l’exposition. Jetant un pont entre le passé et le présent, quatre artistes et designers revisitent également notre rapport au temps et à la fête. Au moyen de plusieurs dispositifs, petits et grands sont finalement invités à se pencher sur les routines, les cycles de la vie, les croyances ou encore les symboles – parfois étonnants – liés à la Saint-Sylvestre.

Vernissage public: vendredi 24 novembre, à 18h – Conférence: Comment appréhender votre temps au moyen de l’observation de la nature?  dimanche 10 décembre, à 14h. Louis Origine vous présente le Sentenda. À la frontière entre l’agenda et le calendrier, cette création gruérienne vous invite à écouter et respecter les rythmes de la nature. S’éloignant du calendrier grégorien basé sur la révolution de la terre autour du soleil, le Sentenda propose de suivre les lunaisons et de faire débuter l’année au printemps, après la léthargie hivernale. Ouvert tous les jours de 9h à 18h, + d’infos.

Débutant par l’histoire du calendrier et les moyens développés pour mesurer le temps, l’exposition revient sur la manière dont la religion a forgé notre conception de l’année. Puis après avoir rencontré celui qui deviendra saint Sylvestre, le public remonte aux origines de la carte de vœux ainsi qu’aux souhaits échangés pour la nouvelle année. Amour, argent, chance, santé, fertilité, prospérité sont invoqués au moyen de divers symboles, dont certains prennent racine dans les cultes romains ou celtiques. Le gui et le houx décoraient déjà les maisons romaines lors des Sigillaires, une fête romaine célébrée à la fin décembre et durant laquelle il était de coutume d’offrir aux enfants des sceaux ou des figurines en terre cuite. Promesse de l’an nouveau revient également sur les coutumes ancestrales et les traditions conviviales encore pratiquées en Suisse, en particulier dans les cantons alémaniques, pour célébrer le passage vers la nouvelle année.

Calendrier julien

Le calendrier romain débute à la fondation de Rome en 753 avant notre ère. D’abord partagé en dix mois lunaires, il est rapidement rectifié en douze mois comptant au total 355 jours. A son tour, Jules César le fait réformer en 46 av. J.-C., s’appuyant dès lors sur l’année solaire. Le calendrier julien comporte dorénavant 365 jours et l’année bissextile de 366 jours est instaurée pour compenser la durée de la révolution de la Terre autour du Soleil.

Almanach perpetuel – horloge avec calendrier

Mesurer et maîtriser le temps

Interroger l’origine de la fête du Nouvel An, c’est questionner notre façon de mesurer le temps. Entré en vigueur en 1582, le calendrier grégorien que nous utilisons n’a depuis plus changé. Comment est née cette mesure du temps ?

Progressivement, le calendrier passe sous l’influence de l’Église. C’est au cours du IVe siècle, sous le pontificat de Sylvestre Ier, qu’est arrêtée au 25 décembre la naissance de Jésus. Le décompte des années depuis la fondation de Rome (ab Urbe condita) est abandonné au VIe siècle au profit du décompte depuis l’année de naissance du Christ (Anno domini). Dès le XVIe siècle, la maîtrise ecclésiastique du temps est bouleversée par l’édition d’almanachs qui permettent à tout un chacun de saisir et de mieux maîtriser le calendrier. Publiés annuellement, ils mettent en relation le système calendaire avec le cycle de la lune, l’éphéméride, les fêtes liturgiques ainsi que les dates des foires.

En 2023, l’entreprise bulloise Louis Origine propose avec son Sentenda une nouvelle manière d’appréhender le temps. Le public peut le découvrir dans les salles ainsi que lors d’une conférence donnée au château le dimanche 10 décembre. Contrairement à l’agenda qui liste les choses à faire (en latin agere), le Sentenda permet de définir son propre chemin (sent). Ce calendrier d’un nouveau genre, présenté pour la première fois dans le cadre d’une exposition, s’harmonise avec le rythme lunaire pour permettre à sa ou son propriétaire de revenir à ses sensations. Son année débute au printemps, au moment où l’on sort de la léthargie hivernale pour prendre un nouveau départ.

Sentenda de Louis Origine, 2023

Saint Sylvestre, un illustre inconnu: Sous le nom de Sylvestre Ier, il est le 33e pape de l’ère chrétienne. Son pontificat débute en 314 et dure jusqu’à sa mort, le 31 décembre 335. Canonisé à la fin du IVe siècle, le premier saint non martyr se voit en revanche attribuer plusieurs « miracles »: le baptême et la conversion de l’empereur Constantin en vue de le guérir de la lèpre, la résurrection d’un taureau ou encore le domptage d’un dragon. Pour l’exposition au Château de Gruyères, l’artiste fribourgeois Jérôme Berbier a réalisé une représentation du saint en toile de coton, de lin et en pin sylvestre. Intitulée Sylvestre pour l’éternité, l’œuvre est traitée à la manière d’un chryséléphantin : le visage du saint en pin sylvestre remplace l’ivoire tandis que les toiles de lin et de coton se substituent à l’or pour évoquer les vêtements d’apparat.

Sylvestre pour l’éternité de Jérôme Berbier

Fêter et souhaiter pour mieux traverser

Au tournant du siècle dernier, les bals costumés célèbrent la Saint-Sylvestre

Les rites de passage de la nouvelle année prennent probablement leur source dans des traditions de l’Antiquité. Lorsque le 1er janvier devient le premier jour de l’année dans la Rome antique, il est dédié à Janus, le dieu aux deux visages, dont le nom signifie « passage ». Sa célébration est l’occasion de réjouissances durant lesquelles les Romains échangent des cadeaux et s’adressent des vœux de bonne année. Les origines de la carte de vœux, quant à elles, remontent vraisemblablement à une tradition chinoise du Xe siècle, les notables adressant pour la nouvelle année des cartes de visite en papier de riz sur lesquelles sont calligraphiés le nom et les qualités du destinataire. En Occident jusqu’au XVIIIe siècle, il est d’usage de rendre une visite de courtoisie en début d’année afin de présenter personnellement ses vœux, offrir un petit présent ou un portebonheur. Avec l’apparition de la carte postale à la fin du XIXe siècle, l’envoi de vœux explose. Produites en série et envoyées à bas prix, les cartes ornées de paysages hivernaux, de saynètes ou de porte-bonheur (trèfles à quatre feuilles, fers à cheval, cochons, ramoneurs) rencontrent alors un succès fulgurant. Au début des années 2000, les bons vœux prennent des formes digitales. Le réveillon du 31 décembre 2008 représente d’ailleurs un record en Suisse avec l’échange de 106 millions de messages textes ou d’images.

Cartes de voeux

Dresde: figurines de plomb (Bleigiessen)

Les festivités de Nouvel An sont aussi teintées de superstitions et de symboles, catalyseurs de bonne fortune ou au contraire apotropaïques. En Italie, par exemple, manger des lentilles le 1er janvier garantit une année prospère et le port d’un sous-vêtement rouge la nuit du 31 décembre promet chance et amour. Dans certaines régions belges, on déguste une choucroute avec une pièce de monnaie placée dans la main ou sous l’assiette afin d’assurer la sécurité financière de l’année à venir. En Suisse alémanique, d’anciennes traditions se perpétuent encore pour chasser les mauvais esprits comme, dans le canton de Berne, le cortège de l’âne à Schwarzenbourg ou l’Ubersitz de la vallée du Hasli. Plus prosaïquement, le dernier jour de l’an est pour beaucoup prétexte à festoyer et occasion de se costumer ou de s’apprêter avec élégance

Vessie de boef et chapeau utilisé au Cortege Achetringele de Laupen

La Saint-Sylvestre et plus généralement la fin de l’année invitent à se remémorer les douze mois écoulés ainsi que leurs temps forts. Depuis 2015, l’artiste biennois Cee-Roo crée chaque année un impressionnant montage alliant sons et vidéos. Entremêlant feux de forêt en Europe, guerre en Ukraine, décès de la reine Elisabeth II, celui de l’année 2022, que le public découvre, est particulièrement explosif. Ce tumulte audiovisuel se termine toutefois par une note d’espoir, un peu comme si cette mise au point avait le pouvoir de conjurer le sort. Au dernier jour de l’an, si l’heure est à la fête, elle l’est aussi à la réflexion, aux projections et aux bonnes résolutions.

Pour inviter le public à la réminiscence, l’artiste olfactive Maeva Rosset a créé, spécialement pour l’exposition, Métanoïa, une fragrance aux accords musqués, festifs et nostalgiques, dans laquelle les visiteurs.euses retrouvent cette odeur poivrée de carton brûlé, spécifique à la bombe de table qui, comme les deux visages de Janus, scellent l’année écoulée en même temps qu’elle initie la suivante avec la promesse d’un (presque) éternel recommencement.

Métanoïa de Maeva Rosset : mouillettes de papier au parfum de bombe de table

Myriam Mechita : L’or et l’azur de nos rêves empliront nos mains d’un bleu infini du 8 juillet au 15 octobre 2023, Château de Gruyères (FR)

Le Château de Gruyères invite Myriam Mechita à prendre possession de ses murs pour son exposition estivale. Empreints d’une grande poésie, les dessins d’un noir profond de l’artiste française se répandent au fil des salles et donnent à voir un univers d’ombres et de lumières ensorcelant. Dans ses travaux, parfois monumentaux, elle explore les tréfonds de l’âme et met en scène des visions qui oscillent furtivement entre monstrueux et sublime, entre extase et mélancolie. Fascinée par les espaces de transition et l’étrangeté du quotidien, Myriam Mechita rassemble les extrêmes dans ses dessins et crée une œuvre foisonnante de symboles et d’émotions saisissantes. Dans un geste ardent, l’artiste se glisse dans les interstices du réel et du fantastique et donne forme aux passions du corps et de l’âme en figeant sur le papier des instants troublants. 

Château de Gruyère

Originaire de Strasbourg, Myriam Mechita (1974*) vit et travaille à Paris et à Berlin. Artiste plasticienne, elle investit le champ du dessin, de la céramique ou de l’estampe. Ouvert tous les jours de 9h à 18h, + d’infos.

Marcel Rickli : AEON du 11 mars au 11 juin 2023, au Château de Gruyères

Entre les murs de la forteresse médiévale, l’artiste zurichois présente une fascinante exploration des sites hautement sensibles dont la mémoire doit impérativement être transmise aux générations futures. Pénétrant dans d’impressionnantes, mais discrètes, constructions, le photographe donne à voir tant les théâtres d’expérimentation scientifique que des zones de dépôt de déchets radioactifs issus de l’industrie énergétique, de la médecine ou de la recherche. Entre documentaire et création artistique, Marcel Rickli lève le voile sur ces nouveaux tombeaux d’éternité, monuments destinés à contenir la menace sur des centaines, voire des milliers d’années. À travers ses images, l’artiste teste également notre capacité à transmettre des informations sur une période qui dépasse celle de l’écriture humaine et, pour signifier le danger, il élabore des modes de communication qui puissent supporter l’épreuve du temps, + d’infos.

Noël en Erzgebirge du 26 novembre 2022 au 15 janvier 2023, Château de Gruyères (FR)

Divers chandeliers avec des anges, à quatre branches pour la période d’Avent.

Le Château de Gruyères consacre sa traditionnelle exposition d’hiver à l’artisanat désormais fameux de l’Erzgebirge, une région parfois qualifiée de « pays de Noël » tant l’atmosphère qui y règne durant les fêtes est particulière. L’exposition dans deux salles du Château invite ses visiteuses et ses visiteurs à découvrir un univers où l’obscurité glaciale des mines métallifères du sud-est de l’Allemagne contraste avec les illuminations de Noël et la chaleur des foyers décorés pour les célébrations. Pyramides de Noël, casse-noisettes, anges et autres figures en bois s’animent dans les vitrines de l’exposition, racontant l’histoire fascinante de cette région et de ses traditions. Vernissage Vendredi 25 novembre 2022 à 18h. + d’infos.

Ouvert tous les jours, de 10h – 17h (y compris le jour de Noël et le jour de l’an).

Les pyramides de Noël de 3 à 8 étages avec des épisoldes religieuses: crèche, roi mages, fuite en Egypte avec des figurines colorées en bois ou en verre. Les hélices tournent grace à la chaleur des bougies.

Depuis le milieu du XVIIe siècle, les habitant.e.s de l’Erzgebirge produisent pour Noël une multitude d’objets de toutes dimensions. Tournées ou sculptées, puis peintes à la main, les figurines de bois décrivent des foules de personnages religieux ou civils ou des animaux, qui s’installent à l’occasion dans des architectures ou des paysages. On fabrique d’abord en famille ces décors qui ornent et, pour certains, illuminent les foyers et les fenêtres des maisons durant les fêtes, mais on façonne aussi des jouets destinés aux enfants ou des pièces utilitaires, comme des chandeliers ou des diffuseurs d’encens. Bien plus qu’une expression des traditions et croyances de l’Erzgebirge, cet artisanat représente également une source de revenus complémentaires pour les familles de mineurs dont le salaire est modeste malgré la rudesse de la tâche. Les aléas de l’exploitation minière entre le XVIIIe et le XXe siècle incitent progressivement certaines familles à se concentrer sur la réalisation d’objets en bois, ressource dont la région regorge. Après la Seconde Guerre mondiale, les créations typiques de cette région de la Saxe rencontrent un succès retentissant dans toute la République démocratique allemande. Elles deviennent même des produits d’exportation pour le plus grand bonheur de la clientèle étrangère.

Fumeur d’encens

L’artisanat de Noël de l’Erzgebirge évolue au fil des ans, laissant apparaître de nouvelles figures emblématiques, comme le fumeur d’encens ou le casse-noisettes inspiré du conte de Noël d’Hoffmann, grandement popularisé à la fin du XIXe siècle par le ballet mis en musique par Tchaïkovski.

Casse-noisettes

Ces deux personnages trouvent leur origine aux alentours du village de Seiffen, berceau de cette production de l’Erzgebirge. L’église de cette localité, célèbre par son architecture, sert même de modèle pour nombre de maisonnettes lumineuses ou de pyramides.