MARKUS RAETZ : oui non si no yes no du 8 septembre 2023 au 25 février 2024, Kunstmuseum Bern
Première rétrospective posthume d’envergure consacre à l’artiste Markus Raetz (1941–2020), décédé en 2020. Créateur d’une œuvre subtile, poétique et ludique, il a été l’un des principaux représentants de l’art suisse contemporain. L’exposition se concentre sur les travaux tridimensionnels et sur les mobiles.
Markus Raetz : Eva, Amsterdam 1970-1989, branche orme / miroir métamorphose
À partir de la fin des années 1980, la question de la métamorphose a dominé ses travaux tridimensionnels. Il s’agit en majeure partie des sculptures. Elles ne se révèlent qu’une fois le tour de l’œuvre fait et exigent ainsi une observation dynamique, en forme de processus. Depuis chaque point de vue, d’autres images apparaissent.
À partir du milieu des années 1990, Raetz a créé des modèles en mouvement et des mobiles. Ces derniers n’ont jusqu’à présent jamais été exposés, ou seulement de manière isolée. L’exposition à Berne, où Raetz a passé une grande partie de sa vie, met en lumière l’ensemble de son œuvre sous l’angle des travaux tridimensionnels.
L’exposition présente les différentes étapes de l’évolution artistique de Raetz : de ses premiers dessins et travaux en relief jusqu’aux installations et mobiles des dernières années, en passant par les fameux objets métamorphiques. L’exposition, organisée en sections thématiques, permet aussi de découvrir les nombreux liens transversaux qui parcourent cette œuvre complexe depuis les années 1960.
Markus Raetz (1941–2020) a commencé sa carrière dans les années 1960 avec le médium du dessin. Tout au long de sa carrière, celui-ci restera le fondement de son processus de pensée artistique. Au cours des années 1970, Raetz a trouvé une méthode de travail particulière pour traduire ses éléments dessinés dans l’espace. Par le biais des carnets de notes et installations de jeunesse, l’exposition réunit de nombreux motifs que l’on peut reconnaître dans les objets tridimensionnels de Raetz. De cette manière, le rôle central du dessin comme réservoir d’idées, mais aussi comme outil de représentation de l’espace, est mis en évidence.
Markus Raetz la sensualité avec fil de fer, Mimi en poutres de bois
Parmi les motifs récurrents de son répertoire dessiné, on trouve par exemple la figure Mimi. La sculpture est composée de 14 poutres de bois et n’est pas reconnaissable au premier coup d’œil comme figure humaine. C’est une figure à la fois archaïque et vulnérable.
Markus Raetz : Miroir de lapin, 1988, fil de cuivre, miroir rond
Le thème de la métamorphose a dominé l’œuvre tridimensionnelle de Raetz à partir de la fin des années 1980. Par la métamorphose, le motif se transforme en une forme totalement différente. Ces objets sophistiqués et pleins d’humour sont souvent des sculptures posées sur un socle prévu à cet effet. Elles sont conçues de manière à montrer des images différentes à chaque point de vue et ne se révèlent entièrement qu’une fois le tour de l’œuvre fait. L’œuvre Hasenspiegel (Miroir de lapin) (1988/2000), composée d’un fil de cuivre fin et d’un miroir, est posée sur une pièce de bois. Elle montre un lièvre devant un miroir. Si l’on tourne autour de lui, il se transforme en un homme avec un chapeau. Son reflet se transforme également. Il ne s’agit pas de n’importe quel homme, mais de l’artiste Joseph Beuys.
Markus Raetz Madame Monsieur 2009 fil fer bois / Seeblick
Une particularité des objets métamorphiques est constituée par des sculptures de mots qui réunissent chacun deux significations opposées. Les fameuses sculptures OUINON ont donné leur titre à l’exposition : selon le point de vue, les visiteur·euse·s peuvent lire OUI/SI/YES ou NON/NO/NO dans les sculptures. Les œuvres tridimensionnelles de Raetz n’invitent pas seulement les visiteur·euse·s à se mouvoir, elles ont leur propre dynamique.
À partir du milieu des années 1990, l’artiste a mis ses objets en mouvement. Dans le même temps, Raetz a débuté un groupe de mobiles qui allaient marquer de manière décisive son œuvre tardive. Les sculptures en fil de fer de petit format suspendues sont particulièrement fascinantes, car elles invitent notre imagination à réassembler sans cesse leurs éléments : là où l’on voyait encore une bouteille, un verre apparaît l’instant d’après.
Dans le cadre de sa rétrospective, le Kunstmuseum Bern présente pour la première fois une installation spatiale planifiée par Markus Raetz, mais jamais réalisée jusqu’à présent, qu’il a appelée dans des esquisses « Wolke » (Nuage) (2020). Cette œuvre regroupe différents mobiles existants dans un grand cône de vision, la vue de face laissant apparaître un « foisonnement » et la vue de côté des images individuelles – tel dans un dessin devenu sculpture. Avec « Wolke », l’exposition illustre de manière exemplaire à quel point la création tridimensionnelle de Raetz est fondamentalement liée au dessin.
Markus Raetz : 11 points